Deux
oursonnes étaient rousses comme la plupart des ours, la troisième était grise.
Les
deux rousses, les plus grandes, se moquaient méchamment de la petite
dernière. Chacune de leurs méchantes
paroles brisaient le cœur de la petite ourse qu’on appelait Grislyne.
Grislyne
avait entendu les Anciennes raconter qu’en mélangeant certaines plantes, on obtenait
une lotion qui pouvait changer la couleur des poils et faire d’une toison grise
un beau pelage couleur de châtaigne.
La
petite ourse grise se réfugiait souvent dans une caverne abandonnée à la sortie
du village. Elle y apporta un chaudron, s’en alla ramasser des plantes pour
tenter de retrouver la recette dont parlait les Anciennes. Elle était sur le
point de réussir quand sont arrivées les deux chipies qui l’observaient depuis
quelques jours. Sans méfiance et croyant à une marque d’intérêt Grislyne leur expliqua
ce qu’elle essayait de faire.
Les
deux méchantes, éclatent de rire, d’un coup de pied renversent le chaudron et
se sauvent en courant.
La
pauvre petite ourse en pleurs est partie dans les bois. Aveuglée par ses larmes, elle n’a pas vu Titours qui ramassait des
châtaignes et lui a marché sur la patte. Lui, émerveillé par ce beau pelage
d’argent ne pouvait la quitter des yeux. Vraiment cette oursonne ne
ressemblait à aucune autre ! Et Grislyne séduite aussi par la fourrure
brune de l’ourson mais timide, a bredouillé des excuses et lui a tourné le dos
pour rentrer au village.
Elle
marchait vite sans regarder le chemin, si bien qu’elle a trébuché dans une
racine pour tomber devant Grantours qui passait par là. Comme elle avait du mal
à se relever, Grantours l’a aidée, lui a frotté le dos pour nettoyer son poil et
demandé ce qui la bouleversait à ce point. Grislyne lui a raconté
ses malheurs. Grantours a souri, hoché la tête : « Pourquoi veux-tu
changer la couleur de tes poils ? Et d’abord, qu’as-tu mis dans ton
chaudron ? Tu pourrais aussi bien te retrouver pelée… »
Titours troublé
par la rencontre n’avait plus la tête à ce qu’il devait faire. Lui, si habile à
récolter le miel, un jour effraya les abeilles et fut piqué à l’oreille.
Une méchante piqûre qui, au fil des jours lui fit de plus en plus mal.
Son oreille avait doublé de volume !
Grantours qui
observe tout et qui veut le bonheur de chacun, voyant la chose eût une
idée ; mais d’abord il devait consulter l’oracle et pour cela choisir son
plateau de bambou préféré. Il savait maintenant ce qui lui restait à
faire !
Et sans
tarder car Titours s’impatientait ; il voulait aller retrouver l’ourse grise
mais comment se montrer avec une oreille aussi enflée ? « Tu ferais mieux
lui dit Grantours de rester tranquille pour le moment. Sois patient…»
Le sage doit
aussi veiller sur Gryzline ; il va examiner ce qui reste au fond du chaudron.
Il trouve la
belle en pleine déprime ; elle aime Titours, mais elle est si laide avec
son poil gris, jamais il ne voudra d’une ourse aussi terne.
Allons
allons, ditGrantours, ce n’est pas le moment de te laisser aller ! Qui te
dit qu’il ne pense pas à toi lui aussi ? Cesse de pleurer et fait moi un
sourire !
Pendant ce
temps, l’oreille de Titours est toujours aussi enflée ! Il fait savoir par
ses amis, qu’il voudrait bien être soigné par l’ourse grise
Castagnelle
et Chipita du coup, regrettent d’être aussi brunes. Elles vont dans la cuisine ;
le chaudron de Gryzline est là. Leur sœur a ramassé la mixture ; elles
empoignent l’anse du chaudron ; chacune tire de son côté pour avoir tout
le produit. L’anse lâche, le chaudron vole elles sont toute éclaboussées mais Grantours
avait raison, le mélange n’est pas au point et tous leurs poils tombent.
Gryzline,
pour échapper à ses soeurs, a suivi Grantours dans sa caverne ; à eux
deux, ils fabriquent un onguent qui guérit les piqûres d’abeilles. Un produit
qui va faire la richesse du clan. Gryzline en porte à Titurs et lui masse
l’oreille et, ma foi… comme l’oreille n’est pas loin du museau…. Voilà une
histoire qui finit bien !
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