jeudi 14 avril 2022

5- L'ourson qui n'avait jamais ri.

 


A la fin de l’hiver, l’ourse est sortie de sa caverne ; elle avait deux petits.

 Un ourson qu’elle a trouvé si beau que sans cesse elle le léchait, le reléchait tant et si bien qu’elle ne trouvait guère de temps pour lécher son oursonne qui, du coup, était beaucoup moins belle que son frère.

En grandissant, la pauvre oursonne mélancolique, faisait tout ce qu’elle pouvait pour attirer l’attention de sa mère qui enseignait au jeune ours, comment pêcher, comment trouver du miel, et aussi et surtout à se méfier des chasseurs. Bien vite l’oursonne a compris que pour survivre, elle allait devoir se débrouiller seule et que ce ne serait pas facile.

L’ourson trop gâté parfois était cruel ; il attirait des écureuils qu’il enfermait dans une cage ; puis il les oubliait. Privés de liberté, sans boire et sans manger, ils auraient fini par périr si l’oursonne émue ne les avait délivrés et ramenés dans la forêt. Elle avait ainsi délivré des oiseaux, des loirs, des hérissons et bien d’autres. Elle était devenue l’amie de tous les hôtes de la forêt même du Grand-Duc qui, du haut de l’arbre où il faisait semblant de dormir, observait tout

De l’autre côté de la rivière, le fils du Roi des Ours n’avait jamais ri. Très chagrinée, la Reine sa Mère décida d’offrir une jarre pleine de miel, à qui saurait faire rire le Prince.

Une jarre pleine de miel ! Voilà bien de quoi tenter des oursons.

Le frère et la sœur, au niveau du gué ont traversé la rivière et les voilà devant la Caverne Royale. Oh, ils ne sont pas seuls ! Ils sont nombreux les ours de tous âges et de tous pelages qui veulent faire rire le prince et gagner la récompense.

Le bel ourson n’a aucun mal à se faire admettre auprès du prince. Sa sœur est repoussée : elle est bien trop laide, bien trop mal léchée pour entrer dans la Caverne Royale.

Elle va dans la forêt pour cacher son chagrin. Et là tous ses amis, les lapins, les oiseaux, les écureuils l’entourent et la consolent. Le Grand-Duc sur sa branche ouvre un œil : « C’est toi, dit-il, c’est toi le soleil qui fera rire le prince ! »

Tous les animaux se concertent et s’affairent : l’oursonne doit être la plus belle ! De leurs petites dents, de leurs petites griffes ils lissent et démêlent sa fourrure ; les oiseaux lui font une couronne de lierre et de chèvrefeuille ; elle est ravissante ! Les écureuils font des cabrioles, les lapins font des bonds et les oiseaux volent en chantant. C’est un joyeux cortège qui accompagne l’oursonne et tous ensemble traversent le gué.

Pendant ce temps, l’ourson est par deux fois admis à jouer avec le prince sans parvenir à le faire rire.

Sur sa bonne mine, on lui accorde une troisième entrevue. Bien décidé à sortir le prince de sa mélancolie, il imagine de construire un fort en terre et de jouer à la guerre. Le prince semble montrer de l’intérêt mais voilà qu’il se met à pleuvoir. Le fort s’écroule et la terre se transforme en bourbier. L’ourson glisse et bouscule le prince qui tombe dans la boue. Il saigne du nez. Le soir venait ; trois serviteurs  passant par là porteurs de torches sont allés prévenir les trois nourrices  qui veillent sur le prince. Furieuses, elles veulent battre l’ourson qui se sauve et se réfugie près de sa mère.

L’oursonne escortée de ses animaux se présente à nouveau et de nouveau on la refoule. Mais la reine ordonne qu’on lui laisse tenter sa chance. Le prince regarde d’un œil amical la jolie oursonne couronnée de fleurs. Les animaux et surtout les écureuils font des tours et des cabrioles. Ils sont si drôles que le prince éclate de rire.

En même temps, la pluie cesse, le soleil se lève et le peuple des ours applaudit l’oursonne qui a su faire rire le prince.

 

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