A la fin de l’hiver, l’ourse est sortie
de sa caverne ; elle avait deux petits.
Un ourson qu’elle a trouvé si beau que sans
cesse elle le léchait, le reléchait tant et si bien qu’elle ne trouvait guère
de temps pour lécher son oursonne qui, du coup, était beaucoup moins belle que
son frère.
En grandissant, la pauvre oursonne
mélancolique, faisait tout ce qu’elle pouvait pour attirer l’attention de sa
mère qui enseignait au jeune ours, comment pêcher, comment trouver du miel, et
aussi et surtout à se méfier des chasseurs. Bien vite l’oursonne a compris que
pour survivre, elle allait devoir se débrouiller seule et que ce ne serait pas
facile.
L’ourson trop gâté parfois était
cruel ; il attirait des écureuils qu’il enfermait dans une cage ;
puis il les oubliait. Privés de liberté, sans boire et sans manger, ils
auraient fini par périr si l’oursonne émue ne les avait délivrés et ramenés
dans la forêt. Elle avait ainsi délivré des oiseaux, des loirs, des hérissons
et bien d’autres. Elle était devenue l’amie de tous les hôtes de la forêt même
du Grand-Duc qui, du haut de l’arbre où il faisait semblant de dormir, observait
tout
De l’autre côté de la rivière, le
fils du Roi des Ours n’avait jamais ri. Très chagrinée, la Reine sa Mère décida
d’offrir une jarre pleine de miel, à qui saurait faire rire le Prince.
Une jarre pleine de miel ! Voilà
bien de quoi tenter des oursons.
Le frère et la sœur, au niveau du gué
ont traversé la rivière et les voilà devant la Caverne Royale. Oh, ils ne sont
pas seuls ! Ils sont nombreux les ours de tous âges et de tous pelages qui
veulent faire rire le prince et gagner la récompense.
Le bel ourson n’a aucun mal à se
faire admettre auprès du prince. Sa sœur est repoussée : elle est bien
trop laide, bien trop mal léchée pour entrer dans la Caverne Royale.
Elle va dans la forêt pour cacher son
chagrin. Et là tous ses amis, les lapins, les oiseaux, les écureuils
l’entourent et la consolent. Le Grand-Duc sur sa branche ouvre un œil :
« C’est toi, dit-il, c’est toi le soleil qui fera rire le
prince ! »
Tous les animaux se concertent et
s’affairent : l’oursonne doit être la plus belle ! De leurs petites dents, de leurs petites
griffes ils lissent et démêlent sa fourrure ; les oiseaux lui font une
couronne de lierre et de chèvrefeuille ; elle est ravissante ! Les
écureuils font des cabrioles, les lapins font des bonds et les oiseaux volent
en chantant. C’est un joyeux cortège qui accompagne l’oursonne et tous ensemble
traversent le gué.
Pendant ce temps, l’ourson est par
deux fois admis à jouer avec le prince sans parvenir à le faire rire.
Sur sa bonne mine, on lui accorde une
troisième entrevue. Bien décidé à sortir le prince de sa mélancolie, il imagine
de construire un fort en terre et de jouer à la guerre. Le prince semble
montrer de l’intérêt mais voilà qu’il se met à pleuvoir. Le fort s’écroule et
la terre se transforme en bourbier. L’ourson glisse et bouscule le prince qui tombe
dans la boue. Il saigne du nez. Le soir
venait ; trois serviteurs passant
par là porteurs de torches sont allés prévenir les trois nourrices qui veillent sur le prince. Furieuses, elles
veulent battre l’ourson qui se sauve et se réfugie près de sa mère.
L’oursonne escortée de ses animaux se
présente à nouveau et de nouveau on la refoule. Mais la reine ordonne qu’on lui
laisse tenter sa chance. Le prince regarde d’un œil amical la jolie oursonne
couronnée de fleurs. Les animaux et surtout les écureuils font des tours et des
cabrioles. Ils sont si drôles que le prince éclate de rire.
En même temps, la pluie cesse, le
soleil se lève et le peuple des ours applaudit l’oursonne qui a su faire rire
le prince.
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