vendredi 15 avril 2022

6- Un tigre dangereux-

 



Convoqué par son roi, le Seigneur- Ours, a dû quitter son domaine et les familles dont il a la charge. Il ignore encore ce que veut le roi mais il a pris en tout cas son grand arc car le Roi aime la chasse. Seigneur-Ours a laissé son domaine à la garde de son épouse et de son jeune frère, que tout le monde prend pour un simplet.

Peu après son départ, un jeune ours qui revenait des champs est agressé par un tigre. Il rentre les vêtements en lambeaux ; sa cuisse gauche est lacérée. Les habitants s’affolent, courent en tous sens, veulent s’enfuir ou se cacher.
L’épouse, le jeune frère et tous les conseillers du chef absent se réunissent pour décider de la conduite à tenir. Personne n’est d’accord ; certains veulent tuer le tigre, d’autres prier le ciel et faire des offrandes.

L’épouse se tait, le jeune frère aussi et d’ailleurs, qui l’écouterait ? Le Sénéchal parle en maître et s’impose. On ne peut laisser ce tigre rôder plus longtemps aux alentours. Avec quelques ours armés, il va tenter une sortie. Mais à peine hors des murs, le tigre se jette sur la troupe tue et blesse. Le sénéchal rentre penaud avec les rescapés.

Le jeune frère alors, prend la parole : rien ne presse ; nous avons des vivres en suffisance. Rentrons le bétail, enfermons-nous. Le tigre ne trouvera plus rien à manger et quand il aura vraiment trop faim, il ira chasser ailleurs.

En effet, trois jours plus tard, le tigre a disparu.

A la nouvelle lune, le Seigneur-Ours revient, couvert d’honneurs que le roi lui a accordés en récompense d’une mission difficile qu’il a accomplie avec succès. L’épouse lui raconte l’affaire du tigre ; le jeune frère, modeste se tait.

Le Seigneur-Ours convoque son sénéchal dont l’imprudence a causé la perte de bons serviteurs et le destitue. Il prend pour conseiller le jeune frère,

 

jeudi 14 avril 2022

5- L'ourson qui n'avait jamais ri.

 


A la fin de l’hiver, l’ourse est sortie de sa caverne ; elle avait deux petits.

 Un ourson qu’elle a trouvé si beau que sans cesse elle le léchait, le reléchait tant et si bien qu’elle ne trouvait guère de temps pour lécher son oursonne qui, du coup, était beaucoup moins belle que son frère.

En grandissant, la pauvre oursonne mélancolique, faisait tout ce qu’elle pouvait pour attirer l’attention de sa mère qui enseignait au jeune ours, comment pêcher, comment trouver du miel, et aussi et surtout à se méfier des chasseurs. Bien vite l’oursonne a compris que pour survivre, elle allait devoir se débrouiller seule et que ce ne serait pas facile.

L’ourson trop gâté parfois était cruel ; il attirait des écureuils qu’il enfermait dans une cage ; puis il les oubliait. Privés de liberté, sans boire et sans manger, ils auraient fini par périr si l’oursonne émue ne les avait délivrés et ramenés dans la forêt. Elle avait ainsi délivré des oiseaux, des loirs, des hérissons et bien d’autres. Elle était devenue l’amie de tous les hôtes de la forêt même du Grand-Duc qui, du haut de l’arbre où il faisait semblant de dormir, observait tout

De l’autre côté de la rivière, le fils du Roi des Ours n’avait jamais ri. Très chagrinée, la Reine sa Mère décida d’offrir une jarre pleine de miel, à qui saurait faire rire le Prince.

Une jarre pleine de miel ! Voilà bien de quoi tenter des oursons.

Le frère et la sœur, au niveau du gué ont traversé la rivière et les voilà devant la Caverne Royale. Oh, ils ne sont pas seuls ! Ils sont nombreux les ours de tous âges et de tous pelages qui veulent faire rire le prince et gagner la récompense.

Le bel ourson n’a aucun mal à se faire admettre auprès du prince. Sa sœur est repoussée : elle est bien trop laide, bien trop mal léchée pour entrer dans la Caverne Royale.

Elle va dans la forêt pour cacher son chagrin. Et là tous ses amis, les lapins, les oiseaux, les écureuils l’entourent et la consolent. Le Grand-Duc sur sa branche ouvre un œil : « C’est toi, dit-il, c’est toi le soleil qui fera rire le prince ! »

Tous les animaux se concertent et s’affairent : l’oursonne doit être la plus belle ! De leurs petites dents, de leurs petites griffes ils lissent et démêlent sa fourrure ; les oiseaux lui font une couronne de lierre et de chèvrefeuille ; elle est ravissante ! Les écureuils font des cabrioles, les lapins font des bonds et les oiseaux volent en chantant. C’est un joyeux cortège qui accompagne l’oursonne et tous ensemble traversent le gué.

Pendant ce temps, l’ourson est par deux fois admis à jouer avec le prince sans parvenir à le faire rire.

Sur sa bonne mine, on lui accorde une troisième entrevue. Bien décidé à sortir le prince de sa mélancolie, il imagine de construire un fort en terre et de jouer à la guerre. Le prince semble montrer de l’intérêt mais voilà qu’il se met à pleuvoir. Le fort s’écroule et la terre se transforme en bourbier. L’ourson glisse et bouscule le prince qui tombe dans la boue. Il saigne du nez. Le soir venait ; trois serviteurs  passant par là porteurs de torches sont allés prévenir les trois nourrices  qui veillent sur le prince. Furieuses, elles veulent battre l’ourson qui se sauve et se réfugie près de sa mère.

L’oursonne escortée de ses animaux se présente à nouveau et de nouveau on la refoule. Mais la reine ordonne qu’on lui laisse tenter sa chance. Le prince regarde d’un œil amical la jolie oursonne couronnée de fleurs. Les animaux et surtout les écureuils font des tours et des cabrioles. Ils sont si drôles que le prince éclate de rire.

En même temps, la pluie cesse, le soleil se lève et le peuple des ours applaudit l’oursonne qui a su faire rire le prince.

 

mercredi 13 avril 2022

1- Le Commencement

 



Un jour le soleil s’est levé et il a vu la terre

La terre était sans fin

Et il l’a réveillée

La terre était en paix et sa robe était d’or

Et les dragons dormaient

Le soleil a séché la rosée sur la terre

Les pierres se sont dressées et les graines ont germé

Le dragon s’est levé

Et le jour a fini

Et la lune en croissant, timide s’est levée

Et la terre a dormi et le soleil aussi

Puis vint un autre jour et le dragon jouait

Le dragon s’envolait, il nageait dans les eaux

Il grimpait les montagnes, sautait dans les ravins

Partout l’herbe poussait, le grain germait

Alors il y a eu un autre dragon ; il ne voulait pas jouer

Les dragons se sont battus

Ou peut-être qu’ils jouaient

Le temps était venu pour les ours

De vivre sur la terre.

 

mardi 12 avril 2022

41 - Grantours et l’oursonne grise-

 



Deux oursonnes étaient rousses comme la plupart des ours, la troisième était grise.

Les deux rousses, les plus grandes, se moquaient méchamment de la petite dernière.  Chacune de leurs méchantes paroles brisaient le cœur de la petite ourse qu’on appelait Grislyne.

Grislyne avait entendu les Anciennes raconter qu’en mélangeant certaines plantes, on obtenait une lotion qui pouvait changer la couleur des poils et faire d’une toison grise un beau pelage couleur de châtaigne.

La petite ourse grise se réfugiait souvent dans une caverne abandonnée à la sortie du village. Elle y apporta un chaudron, s’en alla ramasser des plantes pour tenter de retrouver la recette dont parlait les Anciennes. Elle était sur le point de réussir quand sont arrivées les deux chipies qui l’observaient depuis quelques jours. Sans méfiance et croyant à une marque d’intérêt Grislyne leur expliqua ce qu’elle essayait de faire.

Les deux méchantes, éclatent de rire, d’un coup de pied renversent le chaudron et se sauvent en courant.

La pauvre petite ourse en pleurs est partie dans les bois. Aveuglée par ses larmes, elle n’a pas vu Titours qui ramassait des châtaignes et lui a marché sur la patte. Lui, émerveillé par ce beau pelage d’argent ne pouvait la quitter des yeux. Vraiment cette oursonne ne ressemblait à aucune autre ! Et Grislyne séduite aussi par la fourrure brune de l’ourson mais timide, a bredouillé des excuses et lui a tourné le dos pour rentrer au village.

Elle marchait vite sans regarder le chemin, si bien qu’elle a trébuché dans une racine pour tomber devant Grantours qui passait par là. Comme elle avait du mal à se relever, Grantours l’a aidée, lui a frotté le dos pour nettoyer son poil et demandé ce qui la bouleversait à ce point. Grislyne  lui a raconté ses malheurs. Grantours a souri, hoché la tête : « Pourquoi veux-tu changer la couleur de tes poils ? Et d’abord, qu’as-tu mis dans ton chaudron ? Tu pourrais aussi bien te retrouver pelée… »

Titours troublé par la rencontre n’avait plus la tête à ce qu’il devait faire. Lui, si habile à récolter le miel, un jour effraya les abeilles et fut piqué à l’oreille.  Une méchante piqûre qui, au fil des jours lui fit de plus en plus mal. Son oreille avait doublé de volume !

Grantours qui observe tout et qui veut le bonheur de chacun, voyant la chose eût une idée ; mais d’abord il devait consulter l’oracle et pour cela choisir son plateau de bambou préféré. Il savait maintenant ce qui lui restait à faire !

Et sans tarder car Titours s’impatientait ; il voulait aller retrouver l’ourse grise mais comment se montrer avec une oreille aussi enflée ? « Tu ferais mieux lui dit Grantours de rester tranquille pour le moment. Sois patient…»

Le sage doit aussi veiller sur Gryzline ; il va examiner ce qui reste au fond du chaudron.

Il trouve la belle en pleine déprime ; elle aime Titours, mais elle est si laide avec son poil gris, jamais il ne voudra d’une ourse aussi terne.

Allons allons, ditGrantours, ce n’est pas le moment de te laisser aller ! Qui te dit qu’il ne pense pas à toi lui aussi ? Cesse de pleurer et fait moi un sourire !

Pendant ce temps, l’oreille de Titours est toujours aussi enflée ! Il fait savoir par ses amis, qu’il voudrait bien être soigné par l’ourse grise

Castagnelle et Chipita du coup, regrettent d’être aussi brunes. Elles vont dans la cuisine ; le chaudron de Gryzline est là. Leur sœur a ramassé la mixture ; elles empoignent l’anse du chaudron ; chacune tire de son côté pour avoir tout le produit. L’anse lâche, le chaudron vole elles sont toute éclaboussées mais Grantours avait raison, le mélange n’est pas au point et tous leurs poils tombent.

Gryzline, pour échapper à ses soeurs, a suivi Grantours dans sa caverne ; à eux deux, ils fabriquent un onguent qui guérit les piqûres d’abeilles. Un produit qui va faire la richesse du clan. Gryzline en porte à Titurs et lui masse l’oreille et, ma foi… comme l’oreille n’est pas loin du museau…. Voilà une histoire qui finit bien !

 

 

lundi 11 avril 2022

32 - Un nouveau clan.

 



En ce temps –là, les ours étaient établis dans un pays où depuis longtemps, ils avaient leurs habitudes. Les printemps succédaient aux hivers sans apporter de changement dans leur  vi, à ceci près que chaque réveil apportait de nouveaux oursons, parfois deux par famille et ainsi la population s’accroissait. Grantours qui voyait ces oursons grandir, s’aimer, fonder un foyer d’où naissaient au printemps suivant d’autres oursons, alors que le territoire restait toujours le même, se demanda s’il y aurait toujours assez de saumons dans la rivière, assez de miel dans les arbres creux pour nourrir tout ce monde.  Il demanda audience au Roi, mais le roi n’accorda guère d’importance aux observations de Grantours.

Pourtant, quand arriva l’automne, les ours eurent peu de provisions à amasser dans les cavernes pour passer l’hiver. Et d’ailleurs, cet hiver-là fut rude ; il fallut se priver pour tenir jusqu’au printemps. Un printemps qui vit encore naître de nouveau Oursons. Grantours les recensa et fit aussi le compte des besoins du clan.  Il apporta au roi le résultat de ses travaux : la prospérité du clan était sur le déclin ; il allait falloir agir.

La reine, voyant son époux soucieux le questionna. Grantours a raison dit-elle , il faut réunir le conseil. Mais comme souvent, ministres et conseillers n’arrivaient pas à se mettre d’accord.

Alors on décida de consulter l’oracle et on fit venir les chamans et leurs tortues.

Il faut, dit l’oracle traverser la rivière. Sur l’autre rive il existe un territoire où des ours peuvent s’installer et former un nouveau clan. L’aventure sera difficile ; il faut pour la mener à bien, choisir des hommes résolus, courageux et un chef déterminé.

Le fils aîné du roi qui n’était pas invité au conseil, du seuil de la caverne, a tout entendu. Il veut guider l’expédition, mais il ne fait pas l’unanimité. C’est un garçon sensible, compatissant, toujours prêt à aider les autres, mais ces qualités sont-elles celles d’un véritable chef ?

Grantours intervient ; le prince depuis longtemps étudie. Il est désormais ours-médecine et des colons sur un nouveau territoire ont besoin de quelqu’un qui sache soigner maladies et blessures.

La traversée comme la recherche du bon territoire suivie de l’installation est longue et pénible. Les ours ont du mal à s’entendre et encore plus de mal à écouter le prince qui pourtant a souvent raison.

Un jour, deux ours et leur ourson partent en quête de provisions. L’ourson qui s’est éloigné, reste figé, tremblant : devant lui, un chasseur ! qui l’attrape ; l’ourson crie, les parents accourent mais le chasseur abat le père d’un coup de fusil et s’enfuit avec l’ourson.

Les ours, alertés par les cris et le coup de fusil, surviennent et veulent courir après le chasseur pour sauver l’ourson. Mais le prince intervient et fait preuve d’autorité. Il ne sert à rien d’effrayer un chasseur, ce qu’il faut, c’est frapper un grand coup ! Et les ours, bien organisés, ravagent le camp des chasseurs, récupèrent leur ourson et retournent à leurs cavernes. Ils seront tranquilles pour un bon moment. Les chasseurs ne sont pas près de venir se frotter aux ours.

L’automne va finir ; les cavernes sont bien pourvues ; il est temps de pratiquer les rituels au cours desquels le prince sera sacré roi du nouveau clan. Les ours vont pouvoir s’endormir. A leur réveil, au printemps, on verra courir de nouveaux oursons …

 

dimanche 10 avril 2022

07- Conflit

 

Le Roi a des soucis !  Les Chasseurs de l’Autre Rive ne respectent plus les traités. Chaque jour ils traversent la rivière et chassent sur le territoire des Ours ; ils pêchent leurs poissons. Un jour les ours vont se fâcher et s’il y a de la bagarre on dira encore que c’est de leur faute.

Grantours, consulté propose d’aller trouver sans plus tarder le Grand Chasseur pour lui demander de mieux surveiller ses guerriers.

« Alors, dit le Roi, va le trouver ; tu sauras lui parler sans le fâcher. »

Le chef qui a vu arriver Grantours l’attend à l’entrée du camp. Il connaît la sagesse deGrantours ; il le respecte et l’écoute.

« C’est juste, dit le Grand Chasseur. Mes guerriers sont jeunes, ils n’écoutent pas les ordres. Sois en paix Grantours, je vais mieux les surveiller. »

De retour au village, Grantours dit au Roi que certes il fait confiance au Grand Chasseur, mais qu’il serait sage de mettre aussi en place une patrouille chargée de veiller sur le territoire. le fils aîné du Roi la commandera.

Ainsi fut fait et l’année s’écoula paisiblement.

Mais au printemps suivant, Titours le plus jeune fils demanda au Roi de commander la patrouille.  Chacun son tour dit-il !

Le pays était si paisible que le Roi accepta !

Mais les années se suivent et ne sont pas semblables. Quelques jeunes chasseurs avaient repéré le changement de chef. Ils ont traversé le gué, surpris Titours qui a riposté courageusement. Mais il n’était pas de force : il y eut des morts et des blessés chez les Ours.

Grantours conseille de ne pas riposter. Les Chasseurs sont des guerriers redoutables. La Clan ne doit pas se mettre en danger et l’année se passe…

Au printemps suivant, Fils aîné reprend le commandement de la patrouille. Seulement les Chasseurs, forts de leur victoire de l’année précédente s’enhardissent, se cachent dans les buissons, laissent passer la patrouille et se mettent en chasse. Ils poursuivent une harde de chevreuils qui les entraîne jusqu’à la Colline Sacrée des Ours, là où reposent les Anciens. Chevreuils et Chasseurs saccagent tout.

Le Roi n’écoute plus rien ! Il fait hisser sa bannière tout en haut d’un grand pin et réunit une armée. Grantours est inquiet ; les chasseurs sont des guerriers bien armés alors que les Ours ne sont plus en guerre depuis longtemps. Grantours et le Roi ont toujours cherché la paix. L’issue est incertaine, mais un ours s’approche : c’est un des guerriers d’Ours Noir. Chez lui aussi les chasseurs on fait des dégâts. Les deux clans doivent s’allier et déclarer la guerre aux Chasseurs.

Ours noir est un vrai chef de guerre, il prend la direction des opérations et organise l’armée des Ours.

Chez le Grand Chasseur, le désordre règne. Les jeunes guerriers n’en font qu’à leur tête et n’obéissent pas aux chefs désignés, lesquels chefs n’obéissent pas plus au Grand Chasseur. Grantours qui observe, voit tomber des ours et encore plus de chasseurs ; il comprend que les ours sont les plus forts ; ils vont massacrer les chasseurs. Ensuite, même après un traité de paix, les relations entre les deux rives seront impossibles.

Le Roi et Ours Noir ont repoussé les Chasseurs ; ils les ont encerclés dans leur village. Les Chasseurs postés aux limites du village et bien armés d’arcs font face aux Ours qui comprennent qu’ils ne peuvent donner l’assaut. Ils s’installent pour un siège peut-être long. Chaque soir, leurs tambours résonnent lugubrement pour démoraliser l’adversaire.


Grantours observe…il découvre ainsi que le Grand Chasseur, la nuit venue, force le blocus et rapporte du gibier aux assiégés. Un soir, il propose au Roi d’aller inspecter les limites du camp. Et voilà que dans le noir, le Roi et le Grand Chasseur se rencontrent ; ils sont aussi effrayés l’un que l’autre, mais tant d’années de voisinage, de traités signés puis rompus, tant de combats, tant de trêves valent une amitié. Ils sont rivaux mais ils s’estiment. Ils éclatent de rire et discutent. Il est temps de lever le siège et de signer l’armistice. Le Roi invite le Grand Chasseur à un festin ; ils discutent d’un traité de paix. Une cérémonie a lieu : sur un autel de pierre, les chefs font brûler leurs armes de guerre.

L’un comme l’autre ont admiré les ours d’Ours Noir qui marchent en bon ordre au son des flûtes et des tambours. Ours Noir est nommé gardien de la paix sur tous les territoires.

 Et pour occuper les jeunes tant ours que chasseurs et leur apprendre la discipline, Ours Noir leur apprendra à jouer de la flûte et du tambour et du coup, tous seront bien obligés de marcher en cadence.

samedi 9 avril 2022

21- Bagarre!

 Il y avait huit domaines au Royaume des Ours ; huit domaines d’égale importance alimentés en eau par un vieux puits au toit recouvert de tuiles.  Chaque famille avait à charge et à tour de rôle son entretien, mais comme il arrive souvent chacun se déchargeait sur l’autre de la corvée et un jour, le puits mal entretenu devint boueux et presque à sec. Les ours durent aller chercher de l’eau à la rivière et le plus souvent, c’était le travail des jeunes ours qui partaient avec sur les épaules une perche à laquelle sont accrochés deux seaux.

 Une charge qui ne les empêchait pas de s’amuser et d’explorer les alentours. Les parents comme les ours-médecine leur disent de ne pas traîner en route.
Mais tous les oursons savent bien que les interdictions sont faites pour être bravées. Le tout est de ne pas se faire prendre !
Deux d’entre eux et des plus remuants s’en vont un jour à la rivière et voilà qu’un essaim d’abeilles les attire jusqu’à un arbre creux ; les deux gourmands posent les seaux et vont chercher le miel. En explorant le tronc d’arbre, ils sentent quelque chose de dur. Les abeilles ont fait leur miel dans une amphore et dans l’amphore, les deux oursons trouvent une flèche de métal couvertes d’étranges inscriptions. Tandis qu’ils examinent leur trouvaille, les abeilles furieuses d’être dérangées les attaquent. Sous les piqûres ils détalent abandonnant la flèche et l'amphore qui se brise.
Grantours qui passe par là voit l’amphore brisée et la flèche.  C’est,  il le sait, une flèche très ancienne imprégnée d’un poison violent, raison pour laquelle elle était cachée.
Qui a cassé l’amphore et laissé traîner la flèche empoisonnée ? Il va informer le Roi qui convoque tous les ours-médecine qui mènent l’enquête et  interrogent tous les ours.
Les seaux abandonnés dénoncent bientôt les responsables. Pour leur désobéissance, ils devront nettoyer le puits qui en a bien besoin
Ils enlèvent les feuilles mortes à la surface du puits , dérangent des oiseaux qui y avaient fait leur nid mais quand vient le moment de puiser, la corde n’est pas assez longue pour aller jusqu’au fond où se trouve la source fraîche ; ils ne remontent que de l’eau boueuse. Un des deux ours en tirant la corde brutalement heurte la paroi du puits ; la cruche se brise, le peu d’eau qui était dedans se répand.
Nos deux ours se disputent comme deux chiens qui aboient face à face. Ils en viennent aux mains et dans la bagarre cassent les tuiles du puits qu’il faudra réparer. L’un deux a pris un coup de poing ; il saigne du nez. Grantours les sépare ; ils ont tort tous les deux ; ils doivent cesser leurs sottises. Mais ils ne veulent rien entendre. S’ils continuent, ils seront privés de la viande séchée qu’ils aiment tant.
Le Roi s’arrache les poils ; deux jeunes forcenés se battent, son puits que personne ne veut entretenir est démoli, le flèche empoisonnée est sortie de sa cachette ! Qu’il est difficile de gouverner les ours ! Il lui semble courir chaussé de sabots de bois !
Il fait appeler Grantours qui consulte le livre et le lendemain le Roi convoque les chefs des huit familles.
« Voilà, dit-il, ce puits dont vous avez besoin mais que vous n’entretenez pas a été remis en état par les jeunes. Il ne sera pas recouvert et sera ainsi plus facile à utiliser et à nettoyer. Car désormais, c’est moi qui vais m’en charger. Et pour cela, chaque famille devra donner un huitième de sa récolte pour l’entretien du puits. Etes-vous d’accord ? »
Les ours bien contents de retrouver leur puits et de n’avoir plus à aller à la rivière remercient le Roi et organisent un grand festin de miel et de saumon.






mercredi 30 mars 2022

30- Poildemyelle,

 


la plus jeune fille du roi des ours et si jolie, si charmante qu’on ne peut lui résister. Elle est gâtée, tous ses désirs sont satisfaits ; elle devient coquette, superficielle, nonchalante.

Grantours qui l’observe trouve qu’il est dommage d’abîmer un si bon naturel. Il en parle au roi et à la reine et il est décidé d’envoyer Poildemyelle dans la montagne. Elle devra garder et soigner les vaches du Roi son Père.
L’oursonne regrette un peu la vie de la cour, ses jolies robes et ses amoureux, mais la montagne est belle et les vaches ont de beaux yeux. C’est si drôle d’observer ces petits oiseaux qui se nourrissent des insectes dont ils les débarrassent. Poildemyelle se plaît bien dans l’alpage et souvent elle regarde le soleil, là-haut sur les sommets. Et ce soleil resplendissant comme de l’or l’attire. L’envie lui vient de grimper tout là-haut pour voir le soleil de plus près. Elle hésite pourtant, sa mission est de garder les vaches pourtant l’envie est si forte et puis, elle ne sera pas partie longtemps.
Poildemyelle se met en route vers le sommet ; bientôt elle se rend compte que le chemin n’est pas si facile. Elle se fatigue, elle marche courbée comme ses vieilles nourrices dont elle se moquait un peu ; elle chante pour se donner du courage. Le sommet approche, mais au détour du chemin, un précipice lui barre la route. Pour continuer, il va falloir sauter ; elle regarde l’abîme, il est profond, si profond qu’elle a le vertige. Elle prend son élan, elle va sauter, mais elle a peur ; elle recule. Elle lève les yeux et voit ce beau soleil qu’elle veut atteindre. Alors elle s’élance à nouveau mais le soleil l’éblouit et au lieu d’atteindre l’autre côté, elle tombe dans le précipice….
Heureusement, à mi-parcours, elle se raccroche à une branche ; c’est un arbre qui pousse au bord d’une grotte ; une grotte confortable tapissée de mousse et de feuilles mortes. Elle  lève les yeux et voit là-haut son beau soleil devenu tout rouge qui disparaît derrière le sommet de la montagne.
Epuisée, Poildemyelle s’endort. Le lendemain elle trouve sa situation inquiétante : elle est seule perdue dans un ravin, elle n’a rien à manger, on la croit bien tranquille près de ses vaches qui viendra la tirer de là ? Elle appelle au secours, mais personne ne vient et d’ailleurs, qui pourrait l’entendre ? Le temps lui semble bien long… enfin, elle se décide à agir… elle entasse des pierres pour atteindre la branche de l’arbre et tenter de se hisser mais c’est bien trop haut. Quoi qu’elle fasse, elle doit rester là en attendant… en attendant quoi ?
Pendant ce temps, au royaume des ours on s’inquiète : on a signalé des voleurs de bétail. Poildemyelle et ses vaches sont en danger ! Le Roi réunit ses guerriers, mais Grantours déconseille une expédition. Il faut ruser, isoler le chef des voleurs, le capturer, le ligoter et le mettre en prison. Les voleurs privés de leur chef se sauvent. Les ours sont inquiets : où est passée Poildemyelle ?

Grantours qui a l’oreille fine, entend des pleurs du côté du sentier qui mène au sommet de la montagne. Il y envoie les ours ; on découvre Poildemyelle dans sa grotte. Les ours tressent des liens, font une échelle de corde et l’envoient à l’oursonne qui remonte mais pas du côté du sommet. Poildemyelle n’ira pas jusqu’au soleil. Elle est trop heureuse de retrouver l’alpage et ses vaches.

mardi 29 mars 2022

30 - Le Brigand

 

Des brigands sévissaient dans le Pays des Ours.

Ils pillaient, ils tuaient, massacraient le bétail

Incendiaient, les moissons.

Leur chef, un grand bel ours, Intrépide et cruel

Était insaisissable et ne craignait personne.

 

« C’est lui a dit le Roi dont il faut s’emparer

Si nous voulons la paix. »

Les Ours se sont armés,

Ils ont posé des pièges, dressé des embuscades.

Une nuit les bandits qui se croyaient tranquilles

Ont trouvé devant eux tous les Ours furieux

Et armés jusqu’aux dents.

Ce fut la débandade !

Seul resta sur le sol

Leur chef inanimé et tout couvert de sang.

 

On l’emporte, on l’enferme ;

Sans doute il va mourir

Il souffre sans se plaindre ;

Dans les nuit solitaires il voit passer sa vie ;

Sa vie qu’il a brûlé et qui va s’achever.

Grantours vient le voir et soigne ses blessures.

Grantours l’a reconnu :

Naguère dans la tribu, un jeune ours rebelle

Une nuit s’est enfui que l’on n’a plus revu.

Il est là, étendu… Que faut-il faire de lui ?

Grantours soigne les corps et soigne aussi les âmes.

Il parle au prisonnier.

Faible comme un enfant, il regrette les jours

Où les Ours du clan tentaient de l’éduquer…

Le Grand Ours cruel pleure sur son enfance

Et le mal qu’il a fait…

 

Le roi a réuni ses fidèles conseillers

Le blessé se repent… au fond, il est des leurs ;

Il faut lui pardonner.

Les brigands sont partis mais ils rôdent toujours

C’est à leur ancien chef qu’on va confier la charge

De veiller sur le clan !

 

 


dimanche 14 octobre 2018

Le chaudron d’Ours Noir- 03



Un jour, Grantours était allé dans la forêt ; il avait pris un seau pour ramasser du miel. Soudain à travers les branches il aperçoit des ours inconnus en train de planter leurs tentes juste aux frontières du clan. Il s’approche doucement et reconnait les guerriers d’Ours Noir, un conquérant redoutable, dont la réputation de bravoure et de cruauté n’est plus à faire. Grantours, inquiet rentre au village et se retire au le Jardin des Ancêtres pour méditer sur la conduite à tenir. Le Roi il le sait, n’est pas de taille à résister à Ours Noir si celui-ci veut s’emparer de son territoire.  
Grantours demande une audience et raconte ce qu’il a vu.
« Ours Noir ! s’exclame le Roi. Mais c’est terrible ! Il est brutal, cruel et nous, nous sommes en paix depuis si longtemps que nous n’avons pas d’armes ! qu’allons -nous devenir ?
- Il ne faut pas attendre. Il faut aller le trouver et lui proposer une alliance ; lui aussi redoute les braconniers. Offrons-lui de partager nos richesses et notre savoir en échange de la protection de son armée. Ainsi ni lui ni nous n’aurons plus rien à redouter.
- Tu es sage, comme toujours ! Je vais aller le trouver.
- Prudence, dit Grantours, s’il vous prend en otage, tout le plan est fichu. Il faut lui envoyer un ambassadeur.
Le Roi désigne Artus, son ami d’enfance, son fidèle compagnon. C’est un brave et aussi un sage qui saura se faire respecter du terrible Ours Noir.
Seulement, Artus vient de se marier ; il a épousé la belle Ursine qui se voit déjà léchant deux oursons, et lui, le père leur apprenant à pêcher le saumon, à trouver le miel dans les arbres creux. Artus refuse la mission et d’ailleurs il ne parle pas la langue des ours noirs ; s’il ne peut se faire comprendre, c’est l’échec assuré. Que le Roi et Grantours trouvent un autre ambassadeur.
Grantours sait bien que nul autre qu’Artus n’est capable d’aborder Ours Noir et de lui faire comprendre l’intérêt d’une alliance. Le Roi doit insister et lui parler de son devoir ; les affaires du Royaume doivent passer avant les affaires privées et d’ailleurs, il n’ira pas seul ; il aura une escorte d’ours bien armés et un interprète.
Artus qui est un ours de devoir accepte finalement de partir. Il fait ses adieux à son épouse en larmes. A peine mariée, la voilà seule ; son époux va courir de grands dangers alors qu’ elle n’attend même pas un ourson.
Artus est triste aussi mais il console Ursine. Elle ne doit pas s’inquiéter, il sera bientôt de retour et l’ambassade s’éloigne en direction du camp d’Ours Noir.
Le camp est sens dessus dessous : l’épouse d’Ours Noir est morte en mettant au monde un ourson et dans ce camp de guerriers, il n’y a pas de nourrice. Le bébé pleure et Ours Noir enrage. Les chamans préparent un rituel dans le but de trouver une solution et pour commencer, ils sortent le chaudron. Il n’y en a qu’un seul dans le camp ; il sert aux cérémonies comme à préparer la nourriture.
Ours Noir furieux, refuse de recevoir l’ambassade ; il a d’autres chats à fouetter. Artus insiste et insiste et chaque fois essuie un refus. En attendant, il ne perd pas son temps ; il observe, il écoute, il apprend. Que ce bébé qui pleure est l’héritier d’Ours Noir, qu’il va mourir faute de nourrice. Il voit les chamans préparer leurs élixirs, puis les cuisiniers qui prennent le chaudron et le nettoient pour préparer le repas d’Ours Noir.
On fait cuire un faisan, avec des épices et des aromates. Le fumet est appétissant. Artus s’avance ; il complimente le cuisinier, demande à goûter le plat qui sent si bon. Le cuisinier flatté lui tend une grande cuiller. Il la plonge dans le chaudron et va la porter à sa bouche quand soudain la pluie commence à tomber. C’est une grosse averse ; tout le monde court vers les tentes et dans la bousculade, Artus a perdu sa cuiller. Il rentre dans la tente la plus proche ; c’est celle des chamans.  Et là, il aperçoit une botte d’une certaine plante qu’il connaît bien : elle est extrêmement toxique. Artus comprend le danger. Il empoigne une hache qui se trouvait là et bondit vers la tente d’Ours Noir.
Les ours tentent de l’arrêter mais en vain ; Artus les bouscule et armé de sa hache, il parvient au chaudron dont il brise les pieds. Il le renverse et répand son contenu à terre. Ours Noir se dresse furieux, sa voix est comme un tonnerre, tout le monde tremble, la tente aussi. On se saisit d’Artus.  La garde d’Ours Noir est là prête à punir le crime de lèse-majesté mais Artus demande à la parole. Ours Noir sait qui il est et le respecte : qu’il se défende s’il le peut.
Artus tient là cette audience qu’il n’a pas pu obtenir. C’est le Roi qui l’envoie porteur d’un message de paix. La pluie providentielle, en l’obligeant à rentrer sous la tente des chamans lui a permis de voir que des ignorants avaient épicé le faisan avec une plante toxique ; Ours Noir aurait pu en mourir. S’il on le libère, si on le laisse retourner dans son clan, il fait le serment de revenir très vite avec une nourrice pour s’occuper de ce bébé qui pleure et ne survivra pas si on ne le nourrit pas rapidement.
Ours Noir accepte mais il garde en otage les compagnons d’Artus et lui donne une escorte d’ours à lui qui veillera à ce qu’il tienne sa parole.
En traversant le pont, qui mène au Royaume des Ours, Artus voit Ursine en larmes, au bord de la rivière ; elle vient de constater qu’elle n’attend pas d’ourson. Elle lève la tête et voit Artus et son escorte. Les deux époux s’embrassent et Ursine sèche ses larmes.
Mais Artus doit encore expliquer au Roi et à Grantours pourquoi il revient encadré par des adversaires. L’ambassade aurait-elle échoué ? Artus raconte : le bébé orphelin, le chaudron renversé…
Le Roi est perplexe mais Grantours est satisfait : on va pouvoir négocier !
Certes Artus a brisé le chaudron de cérémonie d’Ours Noir mais pour le remplacer, le roi en signe d’alliance va offrir un magnifique chaudron avec des anses en or.
Ursine émue par le sort de l’ourson orphelin propose une des nourrices qu’elle avait engagées puisqu’elle n’en a hélas, pas besoin.
Artus retourne au camp d’Ours Noir avec chaudron et nourrice. Une trêve est signée et l’escorte d’Artus libérée. Pourtant, une trêve n’est pas la paix.
L’été passe et puis l’hiver ; le fils d’Ours Noir, bien soigné, bien nourri  grandit, beau et vigoureux. Quand le printemps revient, il demande à connaître le clan de sa nourrice.
 Ours Noir accepte et pour signer l’alliance définitive, il offre à Artus un chaudron aux anses de jade.
Désormais les deux clans sont unis à jamais. Un grand banquet scelle l’alliance et dans la liesse générale, Ursine annonce à Artus qu’un ourson ou peut-être deux vont naître au printemps prochain.



49- Le neveu du Roi

    Le Roi a un neveu et selon la coutume, On le lui a confié pour qu’il en fasse un « ours»; Mais ce n’est pas gagné ! L’été touc...